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Découverte du livre « Urbanités Coréennes »

Le livre est basé sur un événement de l’année France-Corée 2016 : « Urbanités coréennes ». Ce forum cinéma – sciences sociales, organisées à la Cité de l’architecture & du patrimoine à Paris, en partenariat avec l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS) et le Séoul Institute, a eu lieu les vendredis 8 et 15 et samedi 9 et 16 avril 2016.

Écrit sous la direction de Benjamin Joinau et Valérie Gelézeau, « Urbanités coréennes » vous invite à découvrir le peuple coréen à travers l’histoire de ses villes. Pour réaliser cette analyse, on s’appuie sur des films et des documentaires coréens suivis par des débats et des discussions qui nous guident à travers les villes coréennes.

Benjamin Joinau & Valérie Gelézeau

Si vous avez déjà lu nos précédents articles littérature, vous devez déjà connaitre l’un de ses auteurs ;).

  • Benjamin Joinau :

Auteur et directeur des éditions l’Atelier des cahiers, Benjamin Joinau a étudié les sciences humaines et la philosophie à Paris. Arrivé en 1994 en Corée à l’occasion de son service civil, il eut un véritable coup de cœur pour la culture du pays. Benjamin Joinau s’installa alors en Corée du Sud où il orienta son parcours académique sur l’anthropologie culturelle (doctorat à l’EHESS en études coréennes). Aujourd’hui, il est l’auteur de nombreux ouvrages et essais en anglais, français et coréen.

Vous pouvez en apprendre davantage sur l’auteur sur son site internet : www.benjaminjoinau.com

  • Valérie Gelézeau :

Valérie Gelézeau | IIASGéographe spécialiste de la Corée, elle est maître de conférences à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales) et membre de l’UMR 8173 Chine, Corée, Japon et du Centre  de recherches sur la Corée qu’elle a dirigé de 2008 à 2013. Valérie Gelézeau est aussi l’auteur de nombreux livres comme « Séoul, ville géante, cités radieuses », « Séoul Mégapole » & « Atlas de Séoul ».

Vous pouvez en apprendre plus sur l’auteur sur le site de l’EHESS.

Urbanités coréennes

Chapitre 1 : Séoul et la longue modernité

  • L’histoire d’une longue modernité :

Contrairement aux idées reçues, Séoul ne s’est pas faite en un jour. La ville s’est développée en plusieurs étapes autour des grands bouleversements de son histoire : de la royauté à la colonisation japonaise (1876-1945), la Guerre de Corée (1950-1953) puis la politique de « Bulldozer Kim », maire de Séoul de 1966 à 1970 jusqu’au Jeux Olympiques de 1988.

Après la Guerre de Corée, Séoul a été entièrement réaménagée. Avec 2,5 millions d’habitants début 1960, elle continue à attirer les foules (+ 300 000 chaque année). En effet, la capitale connait une forte augmentation démographique due aux migrations des campagnes. Les années 1960 marquent le début de l’évolution de Séoul en capitale et moteur économique.

  • Des transformations urbaines et humaines :

À la fin des années 1960 jusqu’en 1980, Séoul connait des transformations majeures afin de répondre à la demande  de logement et au désir de vivre mieux, d’avoir plus de confort, pour les Coréens. C’est le début de la construction de masse des apateu (complexe d’appartements) entraînant une forte augmentation des prix de l’immobilier.

Les nombreux changements urbains impactent aussi les Coréens : jusqu’à la fin des années 1980, un système d’entraide sociale du voisinage était très présent. Les logements sociaux étant inexistants en Corée du Sud, de nombreux quartiers autonomes sont construits par les habitants eux-mêmes. Cependant, la dégradation rapide de ces quartiers pousse le gouvernement à agir. Il est nécessaire d’améliorer les conditions de logements par la reconstruction de ces quartiers. C’est la naissance des logements sociaux.

Enfin, pour accueillir les JO de 1988, des rénovations massives sont entreprissent à Séoul afin de donner une belle image aux étrangers. Bien que son impact soit positif pour l’identité de la capitale, il est plutôt négatif pour une partie de la population. Expulsions forcées de manière autoritaire, sans nouvelles solutions de logement. Ils reconstruisent de nouveaux logements par eux-mêmes, mais ils sont à nouveau détruits, car la flamme olympique doit passer à proximité.

Les Jeux Olympiques de 1988 ont enclenché la culture de la vitesse en Corée du Sud. Perçue plutôt de manière positive comme un facteur de progrès essentiel, la vitesse est vue plutôt négativement aujourd’hui. Actuellement, la modernisation de la Corée n’est plus définie par son urbanité, mais par sa culture (la vague Hallyu).

Urbanités coréennes

Chapitre 2 : Un imaginaire XXL

Dans ce chapitre 2, on découvre l’urbanité coréenne du point de vue des architectes notamment au travers du documentaire de Jeong Jae-eun, « Talking architect » (2012). Ce documentaire est consacré à la vie de l’architecte après la découverte de son cancer, notamment à la réalisation d’une exposition consacrée à son œuvre à la galerie d’art Ilmin.

Pour lui, les œuvres architecturales comme le Dongdaemun Design Plaza, servent avant tout l’égo de l’architecte et le gouvernement. À ces yeux, l’architecture publique doit avant tout servir les habitants en répondant à leurs besoins. On s’interroge alors sur le point de vue des habitants, notamment les plus pauvres d’entre eux, à qui on impose les plans urbains de réaménagements sans les consulter.

Chapitre 3 : Les coulisses de la ville verticale 

  • La révolution des « apateu » :

On pourrait avoir tendance à comparer les grands complexes coréens à ceux que l’on trouve en France. Pourtant ils sont radicalement différents. Ayant une image majoritairement négative en France, ces grands ensembles suscitent plutôt la sympathie des Coréens. Ils sont symboles de modernité et la garantie d’un « chez-soi » confortable et sécurisé. C’est aussi un accès plus facilité aux services qui se développent autour des complexes, ce qui n’est pas le cas en France.

Séoul a connu une première vague de construction de logements de masse en 1970. Cependant, ces premiers immeubles vieillissent plutôt mal avec une durée de vie variant de 30 à 40 ans. Il est donc nécessaire de mettre en place de nouveaux projets de reconstructions. Aussi, le quartier de Gangnam se développe avec la présence des meilleures écoles, ce qui attire la population. Cette stratégie permet de désencombrer le centre historique au nord du fleuve.

  • Les enjeux de l’habitation :

L’appartement à aussi une grande importance aux yeux des classes moyennes. Pour eux, être propriétaire est avant tout une valeur bancaire, un investissement par l’intermédiaire d’un bien censé fructifier et rapporter de l’argent à son propriétaire. Afin d’obtenir ce logement, les familles n’hésitent pas à s’endetter en espérant réaliser une plus-value. Malheureusement, avec la crise asiatique, c’est plutôt le contraire qui se produit. Les biens perdent de leurs valeurs. Les ménages ne pouvant alors pas rembourser leurs dettes sont obligés de déménager dans des quartiers plus excentrés. Aujourd’hui, les jeunes ne comptent plus sur l’immobilier pour s’enrichir, mais sur les diplômes universitaires. Ils représentent une ascension sociale plus sûre.

Le quartier de résidence agit également comme un indicateur d’appartenance à telle ou telle classe sociale. C’est pourquoi demander à un Coréen où il habite est une question délicate. La réponse provoque automatiquement une représentation de la position sociale d’un individu. La réputation d’un district et surtout basée sur la réputation des écoles. Ainsi, on remarque une forte concentration des écoles renommées dans les quartiers les plus chers de Séoul, comme Gangnam.

  • L’image de l’habitation à la télévision :

D’un point de vue télévisuel : on peut observer que les images liées à la représentation de l’habitation sont beaucoup plus belles et positives dans les dramas que dans les films. L’habitat collectif et très peu représenté contrairement aux maisons individuelles. Aussi, si on a des scènes représentant un immeuble, c’est alors un bâtiment moderne en très bon état. Concernant les Coréens, les personnes plus défavorisées, qui ne possèdent pas de logements, ne sont pas non plus représentées.

Urbanités coréennes

Chapitre 4 : Jardins secrets et marges urbaines

  • Émergence de nouvelles pratiques de l’espace public urbain :

L’évolution des villes engendre automatiquement de nouvelles pratiques de l’espace public urbain. La ruelle est un véritable lieu de vie pour le voisinage où se rencontrent tous les âges et toutes les classes sociales. Cependant, ces lieux sont de plus en plus réduits par le développement économique.

Dans la fin des années 1960, Séoul était avant tout pensée pour les voitures, mais dans les années 2000 les Coréens redécouvrent les plaisirs de la promenade. Ayant tendance à lier loisirs avec consommation, les quartiers évoluent à nouveau. Les petites boutiques traditionnelles sont remplacées progressivement par des cafés, des restaurants et des boutiques de gadgets. Aujourd’hui, les Coréens commencent à améliorer la vie urbaine : espaces pour enfants, musées, bibliothèques, maisons pour personnes âgées.

  • Les minorités de Séoul :

Du côté des minorités : certains quartiers se sont transformés en lieux de refuges pour les personnes âgées et les « exclus » de la société contemporaine. Jongno 3-ga est l’un d’entre eux. Aussi, depuis les années 2000, Itaewon est devenu le nouveau centre de la vie gay. Ce district attire les nouvelles générations plus globalisée, plus assumée et désireuse de rencontrer des étrangers. Étant plus ouvert d’esprit que les Coréens encore très attachés à leurs valeurs confucianistes, la présence des étrangers renvoie à l’image d’un quartier plus tolérant aux différences. Itaewon gagne aussi en popularité auprès de la jeunesse coréenne.

  • Le retour en force de la nature :

Enfin, malgré le développement très rapide du pays, l’attachement symbolique pour la nature et la ruralité reste présent et important pour les Coréens. Elle représente un véritable break avec l’effervescence de la capitale. C’est un moyen de respirer, de se déstresser et de se ressourcer. On observe également l’émergence de nombreux potagers d’initiatives citoyennes. Séoul cherche à s’inscrire dans la dynamique d’une ville verte. De nombreux efforts sont menés  pour redécouvrir la nature, mise un peu de côté durant les grands développements de la ville.

En Bref :

Le livre « Urbanités coréennes » est réellement un livre à avoir dans sa bibliothèque. Il nous permet d’en apprendre davantage sur le peuple coréen à travers le développement de ces villes et notamment sa capitale.

Très bien construit, on est réellement guidé durant notre lecture. Les films présentés pendant le forum nous sont décrits, ainsi que toutes les informations que l’on peut en tirer. Les discussions, basées sur les films et documentaires visionnés juste avant, nous éclairent sur l’identité des villes coréennes. Tout au long du livre, des notes en marge et des flashs codes complètent les informations d’ « Urbanités coréennes ». À la fin des quatre chapitres, on trouve également des suggestions cinématographiques et la bibliographie des suggestions de lectures citées précédemment. On y trouve aussi les présentations des auteurs et des participants du forum.

Je suis vraiment ravie de découvrir « Urbanités coréennes ». Ce spectateur des villes sud-coréennes m’a permis de comprendre la ville de Séoul ainsi que les conditions de vie de ses habitants. C’est vraiment important de connaitre l’impact de l’urbanité sur les populations pour pouvoir analyser pleinement un pays.

Si vous avez eu l’occasion d’assister à ce forum, pensez-vous que ce livre rend honneur à cet événement ? Avez-vous apprécié « Urbanités coréennes » ?


Vous souhaitez acheter ce livre ?

Vous pouvez acheter ce livre directement sur le site internet de l’éditeur : http://www.atelierdescahiers.com/

Ou bien,

Rendez-vous à la librairie Le Phénix –  72, boulevard de Sébastopol 75003 Paris – ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h

Sur leur site internet

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À propos de l’auteur

29 ans, écrivain public et diplômée en Communication. Je suis fascinée par l’Asie depuis mon enfance. Curieuse et avide de découvertes, j'ai envie de partager avec vous ma passion pour la Corée du Sud. J'aime les voyages, l’architecture, la musique, l’écriture et les plaisirs simples que la vie a à nous offrir.

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