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« Mademoiselle », un voyage entre la Corée et le Japon

« Mademoiselle » sous son titre original « 아가씨 » (Agassi) est le dernier film du réalisateur Park Chang-Wook. Sa notoriété internationale et en majorité basée sur son film « Old Boy » adapté du manga du même nom. Réalisé en 2003 et présenté au Festival de Canne de 2004, « Old Boy » avait reçu le « Grand Prix » du jury.

Son nouveau film « Mademoiselle » fut présenté à la 69e édition du Festival de Canne 2016. Nommé trois fois, notamment pour la palme d’or, il ne reçut toutefois aucune récompense. Adapté du roman « Du bout des doigts » (Fingersmith) écrit par Sarah Waters (paru en 2002), il fut projeté sur nos écrans en novembre 2016.

Affiche coréenne du film
Affiche coréenne du film « Mademoiselle »

Les acteurs

Mademoiselle acteurs

Synopsis

L’intrigue du film se déroule en Corée du Sud durant la colonisation japonaise des années 30. Sookee rêve de quitter son pays pour explorer le monde. Pour cela, elle se lie avec un escroc coréen, se faisant passer pour un comte japonais. Ensemble, ils souhaitent voler la fortune d’Hideko, vivant recluse sous l’autorité effrayante de son oncle. Embauchée en tant que servante pour cette « mademoiselle » japonaise, Sookee et Hideko finissent par s’éprendre l’une de l’autre malgré leurs secrets.

Un thriller saisissant

Mademoiselle

Le film est divisé en trois parties, nous permettant de découvrir le point de vue des différents personnages. Comme un repère pour le spectateur, on découvre progressivement l’intrigue complexe de l’histoire à travers l’œil de Sookee dans la première partie, puis d’Hideko dans la seconde, avant de connaître le dénouement final dans la troisième partie.

Bien que le film dure 2h30, je n’ai pas vu passer le temps, enchantée par le jeu des acteurs et l’esthétique des scènes. Park Chang-Wook nous étonne tout au long du récit, si bien que la fin que l’on perçoit ne cesse de changer, nous maintenant en haleine.

L’impact de la colonisation japonaise

La Corée à subit de multiples tentatives d’invasion par le Japon au cours de son Histoire. C’est en 1910, alors sous protectorat japonais, que les Coréens n’ont pu s’opposer à leurs rivaux. Les Japonais annexèrent de force le pays. Ils souhaitent transformer la Corée en une économie coloniale au service de l’économie japonaise. L’occupation prit fin en 1945, suite à la capitulation du pays durant la Seconde Guerre mondiale. C’est à cette période de l’Histoire que la Corée fut séparée en deux.

Bien que n’étant pas au cœur du film, on peut s’imaginer l’impact d’une telle occupation sur le peuple coréen. L’oncle de Hideko était à l’origine un Coréen, ayant acquis son statut de « Japonais » par son mariage avec la fille d’un noble nippon (la tante d’Hideko) alors presque sans fortune. A son tour, l’escroc coréen se fait passer pour un comte japonais afin d’épouser Hideko, acquérir ses richesses, et émigrer au Japon. Cette partie de la population coréenne accepte, sous une certaine forme, l’occupation japonaise. Ce n’est plus l’envahisseur mais plutôt une opportunité à saisir et ainsi, tendre vers une autre classe sociale. La Corée en vient même à être considérée comme arriérée, digne d’aucun intérêt, sans perspective d’évolution à l’opposé du pays du soleil levant, lui, porteur d’espoir et d’un avenir prospère.

L’érotisme asiatique

Contrairement à l’opinion publique qui nous fait croire que les Asiatiques n’osent pas aborder le sujet de la sexualité, l’érotisme en Asie n’est pas un tabou. Bien au contraire ! Il m’est souvent arrivée d’être surprise, en visualisant un film, par les mises en scène parfois très explicites de l’acte sexuel. Cependant nous sommes très loin de l’expression assez grossière des Occidentaux.

« Mademoiselle » exploite l’érotisme japonais à travers la collection des ouvrages et des shungas, estampes érotiques qui illustre les livres, possédés par l’oncle Kouzuki. Traditionnellement, cet art nippon souhaite magnifier ses peintures érotiques en mettant en valeur des corps partiellement dénudés. Lorsque les vêtements glissent pour laisser place à la nudité. Or, l’oncle Kouzuki préfère les ouvrages à caractère plus pornographique et jouir de ses mises en scène. Il se délecte de la lecture de ses ouvrages jusqu’à en faire un spectacle pour de nobles japonais. Hideko est forcée d’en faire la lecture, de jouer, mimer, magnifier le texte, ce qui se révèle éprouvant pour elle.

Mademoiselle

Un film poétique

« Mademoiselle » est un film vraiment très beau, aussi bien visuellement que par les dialogues ou encore l’alchimie des acteurs. Un véritable plaisir pour les yeux, la maison de Kouzuki plutôt atypique avec un bâtiment de style anglais jouxtant un pavillon japonais, nous fait voyager. L’habitation de style nippon me donne l’impression de revivre mon séjour au pays du soleil levant. Cette architecture typique, mais aussi son mobilier et l’ambiance de jardin zen de la salle de lecture m’émerveille. Sans oublier la garde-robe d’Hideko ! La poésie du film transmise aussi par les dialogues d’Hideko et Sookee ainsi que les lectures, nous fait éprouver nombre d’émotions. Enfin, pour lier l’ensemble harmonieusement, la chanson thème principale du film, « 나의 타마코, 나의 숙희 » (My Tamako, my Sookee) est absolument magnifique !

Un chef-d’œuvre à voir absolument !

J’ai vraiment adoré « Mademoiselle », qui est sans aucun doute l’un des meilleurs films coréens que j’ai pu voir. Le scénario est prenant, on est plongé dans le déroulement de l’intrigue du début à la fin sans voir le temps passer. Les nombreux retournements de situations nous tiennent attentifs et attisent notre curiosité. Aussi, le cadre d’évolution des personnages, bien que restreint, nous émerveille et offre une escapade au cœur de la culture japonaise.

Toutefois, je tiens à mettre en garde contre son indice de contenu qui est uniquement déconseillé au moins de 12 ans. En plus de ses scènes érotiques très explicites d’autres passages sont susceptibles d’heurter leur sensibilité. « Mademoiselle » aurait dû être interdit au moins de 16 ans, selon moi.

Aussi, si vous avez la possibilité de choisir entre version française (VF) ou sous-titré français (VOSTFR), privilégier cette dernière. Les dialogues étant tour à tour en coréen et en japonais, je trouve que la version française vient casser le dynamisme du film.

Si vous avez eu l’occasion de visionner ce film, l’avez-vous apprécié ? N’hésitez surtout pas à me faire part de votre critique par commentaire ! En tout cas, si vous avez aimé Mademoiselle, je vous invite à découvrir le drama Mr.Sunshine qui devrait vous enchanté. 

Mademoiselle

Sources : Colonisation japonaise  – Photos : libre de droit – Info cinéma : www.allocine.fr

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À propos de l’auteur

29 ans, écrivain public et diplômée en Communication. Je suis fascinée par l’Asie depuis mon enfance. Curieuse et avide de découvertes, j'ai envie de partager avec vous ma passion pour la Corée du Sud. J'aime les voyages, l’architecture, la musique, l’écriture et les plaisirs simples que la vie a à nous offrir.

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