Le maedup, vous avez sans doute déjà eu l’occasion d’en voir. Peut-être qu’en revanche ne saviez-vous pas que ces nœuds, très esthétiques, étaient étroitement liés à la culture coréenne. L’art de confectionner des nœuds ornementaux, le maedup (매듭), est en effet un artisanat traditionnel typiquement coréen, issu de la Chine ancienne.
Des origines anciennes.
Les premiers nœuds chinois (中国结) remonteraient à la Préhistoire, il y a environ 100 000 ans. Des recherches archéologiques ont en effet découvert des aiguilles en os datant de cette époque, et qui auraient servi à confectionner ces nœuds.
C’est durant la période des Trois Royaumes de Corée (Ier siècle av. J.-C. – VIIème siècle ap. J.-C.) que les coréens s’intéressent à la valeur esthétique des nœuds chinois. Ils commencent alors à les utiliser comme décoration, particulièrement pour orner les vêtements, les objets cérémoniels ou les instruments de guerre. Ils représentent le luxe et l’autorité royale.
Le maedup finira cependant par atteindre toutes les strates de la société coréenne. Pendant la période Goryeo (918-1392), il est beaucoup utilisé dans le milieu de l’art. Dans le Samguk Sagi, la plus ancienne œuvre écrite de l’histoire de la Corée, rédigée en 1145, son auteur y décrit que le maedup était utilisé couramment lors de la dynastie Silla, pour orner les chevaux notamment.
Les nœuds continuent à se diversifier durant la dynastie Joseon (1392-1897). Ils décorent alors les instruments de musique, les objets du quotidien, les bijoux et les vêtements traditionnels. Ils sont souvent utilisés comme finition de vestes, devenant boutons ou parures, faisant d’eux de véritables objets fondamentaux du quotidien.
Le maedup est aussi beaucoup utilisé comme talisman porte-bonheur. C’est pourquoi on le retrouve parfois, encore aujourd’hui, sous forme de « norigae » (노리개), qu’on peut accrocher sur le costume traditionnel. Très demandé par la population, il se commercialise fortement.
Sous la domination japonaise (1910-1945), le maedup se voit menacé par la politique japonaise dominatrice mise en place. L’empire japonais souhaitant anéantir la culture coréenne pour imposer la sienne, les nœuds coréens se font plus discrets.
Toutefois, les coréens, qui sont du genre fier de leur culture, se sont emparés à nouveau de cet art ancestral. En 1994, en Corée du Sud est créé le bureau de l’industrie culturelle. Cette institution vise à protéger et à faire revivre certains produits culturels coréens, le maedup en fait partie.
Aujourd’hui, comme le macramé ou le tricot, le maedup est devenu un artisanat prisé.
Maedup, une technique à portée symbolique.
Si les nœuds coréens ressemblent fortement aux nœuds chinois, il existe toutefois une différence. Le maedup est en effet une réappropriation du nœud chinois, davantage qu’une imitation. Cette différence réside dans la technique de confection des nœuds.
En Chine, des aiguilles servent à les confectionner. En revanche, en Corée les nœuds sont réalisés sans l’aide d’outils, relevant ainsi d’une réelle habilité manuelle.
Le maedup, c’est l’art de réaliser un nœud à l’aide d’une seule cordelette de soie (il arrive que deux soient utilisées), qu’on noue de façon à créer des formes. Il peut prendre des formes très variées, du figuratif en prenant la silhouette de papillon ou de libellule, ou bien plus abstraites pour évoquer des fleurs ou simplement le symbolisme du nœud sans fin.
Le nœud se termine toujours là où il a commencé, renvoyant à une véritable philosophie de vie, coréenne et asiatique. Les nœuds coréens sont en effet fortement chargés en symbolisme, et ne sont pas sans rappeler le nœud infini. On retrouve d’ailleurs le maedup sur des peintures bouddhiques de l’époque du Goryeo (918-1392), et il est présent dans des éléments de décoration bouddhistes, preuve de sa portée symbolique.
Le maedup est donc en étroit lien avec le nœud sans fin, symbole des religions du bouddhisme et de l’hindouisme. Ce nœud symbolise la longévité et la continuité, mais aussi l’amour et l’harmonie. On comprend alors pourquoi on les retrouve beaucoup sous forme de porte-bonheurs.
En voir et s’en procurer :
Si vous êtes de passage à Séoul, il existe un musée consacré à l’art du maedup. Le Donglim Knot Museum est situé dans le quartier traditionnel de Bukchon. Vous pourrez y admirer leur collection de nœuds aux formes harmonieuses et poétiques, ou bien vous essayer à cet artisanat pour une journée.
Vous pourrez aussi en admirer quelques-uns dans les musées historiques, tels le National Museum et le National Palace Museum.
Enfin, pour vous offrir un talisman à accrocher à vos meubles ou à votre sac, nous vous conseillons de vous rendre dans le quartier d’Insadong (à côté de celui de Bukchon), où ils sont vendus à petits prix (entre 4€ et 12€, selon la taille).
Merci à Lorelei pour son article et ses photos
2 Commentaires
NOEL
11 avril 2024 at 12:57ou peut on trouver du maedup à PARIS?
Julia
18 avril 2024 at 19:59Bonjour,
N’habitant pas à Paris, je ne connais pas les boutiques qui vendent des Maedup.
Je suis désolée 🙁